« Bien que cette force inlassable de la végétation soit à l’origine de tant d’irréparables désastres, l’Ecole Française d’Extrême Orient se devait de laisser un temple au moins d’Angkor, à titre d’exemple, en « cet état de nature » qui fit jadis l’émerveillement des premiers explorateurs, montrant ainsi par comparaison l’importance de l’effort qu’elle a déjà accompli dans son oeuvre de sauvegarde des vieilles pierres. Elle a choisi Ta Phrom, l’un des plus importants, l’un des plus assimilés par la jungle au point de n’être plus que partie intégrante de cette jungle. »
Maurice Glaize introduit ainsi la visite de Ta Phrom dans son guide sur Angkor. Il suggère aussi de le visiter l’après-midi, ce que nous faisons.
Ta Phrom est après le Bayon le temple qui m’a le plus impressionnée au Cambodge. Il a été construit par Jayavarman VII au XIIème siècle et il est dédié à sa mère. Il a été un des temples les plus grands d’Angkor. Aujourd’hui, il tente de résister sous le poids des fromagers.
Les fromagers sont les arbres immenses que vous pouvez voir sur les photos. On a l’impression qu’ils écrasent le temple. Ils proviennent d’Afrique du Sud. Ils sont appelés ainsi car ils ont été utilisés pour fabriquer les boites de camembert.
Le temple était bouddbhiste mais les statues de Bouddha qui étaient sur les murailles ont été détruites par le roi qui a succédé à Jayavarman VII qui était hindou.
Benjamin Desay dans son livre « le vagabond des ruines » analyse Ta Phrom de façon assez négative: « A mes yeux ces ruines n’avaient rien de romantique. La démesure, la violence de la nature, ses exhalaisons de boue et de pourriture donnaient aux lieux une atmosphère lugubre, presque morbide ».
J’admire le talent de compteur de Benjamin Desay et recommande vivement son livre « le vagabond des ruines » aux voyageurs qui vont découvrir le Cambodge et Angkor.
En revanche, je ne partage pas du tout sa description de Ta Phrom et j’ai été au contraire très impressionnée en découvrant un site comme il a été laissé à l’abandon de l’histoire.
Ce caractère authentique est très rare dans les sites offerts aux touristes et les reconstructions dénaturent souvent les émotions qu’on peut avoir face à une oeuvre laissée à l’état naturel depuis le XIIème siècle.
Ta Phrom m’ a fait ressentir ces paroles très justes du même auteur en conclusion du livre précité :
« Nos racines ne sont pas là où nous vivons depuis longtemps, ni dans le bourg qui nous a vu naître et grandir, et où se dresse la vieille maison familiale, nos racines résident dans les lieux qui nous ont dispensé des instants de bonheur absolu, c’est-à-dire quand sous l’effet d’une joie immense nous avons oublié notre ego, nos tourments, et ressenti l’impression de toucher à la beauté du premier matin du monde. »
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J’ai vécu au Cambodge alors que j’avais entre sept et neuf ans… il y a bientôt cinquante ans….
Et j’ai toujours gardé en mémoire, les beautés du temple d’Angkor Wat, les Apsaras, les têtes de Bouddha sculptées dans la pierre, les marches raides et étroites, mais je crois que ce qui m’a le plus marqué, ce sont les énormes racines des fromagers qui recouvraient les bâtiments laissés à l’abandon.
Je tiens comme un privilège d’avoir pu visiter ces lieux avant leur rénovation, je n’y suis pas retournée, mais l’émotion ressentie alors reste un moment rare.
Merci pour ce blog
Merci beaucoup pour ce très gentil commentaire. Heureuse de partager avec vous ma passion du voyage !